Football : le renforcement des ischio-jambiers
19/07/2016
Sur les terrains de football, les lésions aux ischio-jambiers (groupe musculaire situé derrière la cuisse) sont fréquentes. Elles constituent 15 % des blessures entraînant un arrêt supérieur à quatre semaines. La plupart du temps, elles surviennent lors de frappes de balle, de tacles, d’accélérations ou de courses. Problème : un ischio-jambier déjà lésé et mal guéri laisse entrevoir une nouvelle blessure. Comment prévenir les lésions et renforcer ses ischio-jambiers ?
Les symptômes de l’apparition de la blessure aux ischio-jambiers sont clairs : la sensation de claquage très vive, une douleur aigüe derrière la cuisse. S’ensuit une ecchymose à l’arrière de la cuisse et enfin des difficultés à marcher et à plier le genou. Xavière Barreau, médecin du sport à l’INSEP et auteur d’une thèse sur ce type de blessure dans le football, explique que les joueurs de haut niveau sont souvent victimes de cette lésion pour plusieurs raisons majeures : l’intensité cardiovasculaire importante de ce sport pratiqué en élite, la grande sollicitation musculaire à laquelle il soumet ses pratiquants ainsi que la cadence élevée qu’impose le professionnalisme. Elle détaille les situations où l’ischio-jambier est mis à rude épreuve.
D’autres facteurs de risques sont identifiés par la spécialiste : l’âge avancé du joueur, son origine géographique (notamment les Afrocaribéens), l’état du terrain, le manque d’échauffement, le manque d’hydratation, les déséquilibres nutritionnels, le manque de souplesse ou le surentraînement augmentent les risques de blessures de l’ischio-jambier.
Prévenir et prédire la blessure : zoom sur l’isocinétisme
Pour tenter de limiter les blessures, le travail de prévention revient à l’échauffement précédant l’effort. D’autre part, les clubs font passer en début de saison des tests d’effort à leurs joueurs, leur proposent des protocoles diététiques et de récupération (hydratation, équilibre alimentaire, cryothérapie). Ensuite, il est important de mentionner les tests isocinétiques : ils permettent de connaître les déséquilibres de force musculaire entre les deux jambes d’un joueur (ratios bilatéraux), ou entre l’avant et l’arrière de la cuisse (ratios conventionnels), ou encore de connaître les déséquilibres sur une même cuisse (ratios mixtes). Il semblerait que l’association de ces différents tests permette un affinage très précis de prédiction des risques de blessures aux ischio-jambiers d’un joueur sur la saison à venir.
Les bénéfices tirés de l’isocinétisme
Pourquoi renforcer les ischio-jambiers ? Car ces muscles sont ceux qui vous protègeront de blessures grâce à leur opposition aux mouvements traumatisants. Le médecin du sport Stéphane Cascua conseille par exemple de travailler le mouvement de freinage. Les sportifs déjà blessés aux ischio-jambiers ont pu développer une faiblesse musculaire. Grâce à l’isocinétisme, les équipes médicales tentent d’objectiver les déséquilibres de force. A partir d’une différence de 10 % entre les ischio-jambiers (déséquilibre bilatéral), le médecin va prescrire un renforcement de l’ischio-jambier affaibli à raison de 2 à 3 séances de renforcement par semaine soit directement sur la machine de test isocinétique, soit avec un préparateur physique.
Car le déséquilibre est souvent fatal aux joueurs : Xavière Barreau rappelle que dans une étude sortie en 2008 « Jean-Louis Croisier a montré que les joueurs montrant des déséquilibres ont quatre fois plus de chances de se blesser que les autres dans la saison suivante ! Suite au protocole de rééducation qu’il a mis en place, il a observé une réduction significative des blessures. » Si la prévention est de mise, une fois la blessure survenue il faut intervenir.
Une prise en charge qui sera complétée par du travail de gainage, de renforcement musculaire et de préparation physique générale notamment avec les winch (vélo à bras), pour remettre le joueur sur pied sans perdre de temps.
D’après archive.bu.univ-nantes.fr, santesportmagazine.com consultés le 23/05/2016.
D’après Xavière Barreau, médecin du sport à l’INSEP auprès des équipes de France cadets et junior de Tai Qwen Do et l’Opéra de Paris. Interview réalisée le 25/05/2016.
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